Les femmes et l’épargne : pourquoi elles méritent mieux que les clichés

Les femmes et l’épargne : pourquoi elles méritent mieux que les clichés

Parlons cash : les femmes et l’épargne, c’est un sujet qui mérite qu’on s’y attarde sérieusement. Loin des idées reçues sur leur supposée « frilosité » financière, la réalité révèle des enjeux bien plus profonds. Entre inégalités salariales persistantes et stratégies d’épargne adaptées à leurs contraintes spécifiques, les femmes naviguent dans un univers financier qui n’a pas toujours été pensé pour elles. Décryptage d’une relation à l’argent plus complexe qu’il n’y paraît.

Quand les chiffres parlent : la réalité des écarts de revenus

Commençons par poser les bases. L’écart salarial entre hommes et femmes reste une réalité tenace : selon l’INSEE, dans le secteur privé, le revenu salarial moyen des femmes demeure inférieur de 24% à celui des hommes. Cette différence ne s’explique pas uniquement par des choix de carrière, mais aussi par des discriminations professionnelles persistantes.

Ce qui frappe particulièrement, c’est que ces inégalités s’amplifient avec le niveau de rémunération. Les femmes ne représentent que 23% des salariés du 99e centile (le fameux 1% des mieux payés), et même à ce niveau, elles perçoivent un salaire inférieur de 27,7% à leurs homologues masculins.

Naturellement, ces écarts de revenus impactent directement la capacité d’épargne. Selon l’enquête AG2R LA MONDIALE de 2022, 74% des hommes épargnent contre seulement 66% des femmes. Plus révélateur encore : 38% des femmes épargnent moins de 5% de leurs revenus annuels, contre 33% des hommes.

Cette situation pousse logiquement vers des stratégies d’épargne différenciées. Pour constituer un complément de revenu durable, les femmes doivent souvent composer avec des moyens plus limités, ce qui influence leurs choix d’investissement.

La sécurité avant tout : une stratégie rationnelle

On entend souvent dire que les femmes sont plus « frileuses » en matière d’investissement. Cette affirmation mérite d’être nuancée. En réalité, leur préférence pour la sécurité s’explique parfaitement par leur situation financière.

Les chiffres de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) sont éloquents : 48% des femmes refusent toute prise de risque en matière de placements, contre 36% des hommes. Cette prudence n’est pas de la frilosité, c’est du pragmatisme. Quand on dispose de revenus plus faibles et qu’on fait face à plus d’aléas familiaux, la sécurité devient une priorité absolue.

D’ailleurs, cette approche se reflète dans leurs horizons de placement. Les femmes sont prêtes à placer leur argent sur 3,5 ans en moyenne, contre 4,9 ans pour les hommes. Seulement 5% d’entre elles envisagent des placements de plus de 10 ans, contre 10% des hommes.

L’assurance vie, placement patrimonial par excellence, illustre parfaitement cette différence d’approche. Son caractère long terme explique qu’elle soit moins prisée par les femmes, qui ont souvent besoin de liquidités plus accessibles.

L’accompagnement : un atout sous-estimé

Voici un point intéressant qui mérite qu’on s’y attarde : les femmes sont plus nombreuses à solliciter des conseils professionnels. 54% d’entre elles jugent nécessaire de s’appuyer sur un banquier ou un assureur avant de choisir un produit, contre 45% des hommes.

Cette différence révèle une approche plus collaborative de la gestion financière. Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas un signe de méconnaissance, mais plutôt une stratégie intelligente de gestion des risques. Les femmes n’hésitent pas à reconnaître leurs limites et à chercher l’expertise là où elle se trouve.

Cette démarche s’accompagne souvent d’une meilleure discipline dans le suivi quotidien de leur budget : consulter et gérer ses comptes pour optimiser les investissements devient alors un réflexe essentiel pour garder une vision claire de leur situation et ajuster leurs choix financiers.

Paradoxalement, leur niveau de connaissance financière réel est très proche de celui des hommes. Selon la Banque de France, 14% des hommes réussissent les tests de culture financière contre 10% des femmes. L’écart est bien plus mince qu’on ne le pense.

Cette tendance à sous-estimer leurs compétences financières (seules 27% des femmes estiment s’y connaître contre 42% des hommes) peut paradoxalement devenir un avantage : elle pousse à la prudence et à la recherche de conseils éclairés.

La retraite : un défi majeur à anticiper

Si un sujet cristallise les inquiétudes des femmes en matière financière, c’est bien la retraite. Et pour cause : la pension moyenne des femmes reste inférieure de 39,6% à celle des hommes, même après prise en compte de la réversion.

Cette réalité génère une anxiété légitime. Seules 27% des femmes estiment que leurs futures pensions seront suffisantes pour vivre correctement, contre 43% des hommes. Cette inquiétude se traduit par des stratégies d’adaptation : elles partent plus tard à la retraite et sont plus nombreuses à envisager le cumul emploi-retraite (17% contre 11% des hommes).

Le problème, c’est que 42% des femmes seulement épargnent spécifiquement pour leur retraite, contre 53% des hommes. Parmi celles qui le font, plus de la moitié procèdent de manière ponctuelle, « quand c’est possible ».

Cette situation appelle des solutions adaptées :

  • Diversification des sources de revenus : ne pas compter uniquement sur les pensions
  • Optimisation fiscale : maximiser les avantages des dispositifs d’épargne retraite
  • Investissement immobilier : constituer un patrimoine tangible
  • Épargne progressive : commencer tôt, même avec de petits montants

Vers une épargne plus inclusive

L’industrie financière évolue enfin. Longtemps conçus « par des hommes pour des hommes », les produits d’épargne s’adaptent progressivement aux besoins spécifiques des femmes. Cette évolution s’explique notamment par la féminisation croissante des équipes dirigeantes dans le secteur financier.

Les besoins des femmes en matière d’épargne présentent effectivement des spécificités :

  • Espérance de vie plus longue : nécessité de constituer des réserves pour la dépendance
  • Carrières moins linéaires : interruptions pour raisons familiales
  • Responsabilités familiales accrues : gestion souvent solitaire du budget familial
  • Besoins de liquidité : accès plus fréquent aux fonds en cas d’urgence

Cette prise de conscience ouvre la voie à des solutions plus adaptées : produits d’épargne flexibles, accompagnement renforcé, éducation financière ciblée.

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